Historique de la prise en charge de la douleur

Publié le 8 Janvier 2015

Nous allons étudier l’histoire de la prise en charge de la douleur. En effet, celle-ci n’a pas connu de progrès continus mais elle est marquée par des ruptures et des avancées dues aux différentes représentations culturelles, philosophiques et religieuses.

  • Dans les sociétés primitives, la douleur était expliquée par la présence d’un démon ou esprit maléfique dans le corps de l’individu, elle est associée à la magie. Ainsi ce sont des sorciers qui « prenaient en charge » la douleur.
  • Durant l’Antiquité gréco-romaine, les moyens pour soulager la douleur étaient peu nombreux et peu efficaces, d’ailleurs, le philosophe Hippocrate (460-377 avant J-C) dit que « divine est l’œuvre de soulager la douleur » car d’après lui seul une action divine peu soulager la douleur. Mais à cette époque les moyens étaient généralement le froid, la chaleur, des extraits de végétaux (belladone, lierre, saule, pavot). Les saignées et les scarifications étaient très populaires chez les grecques.
  • Au Moyen-âge, soit de 400 à 1492, l’Occident est sous forte influence du christianisme. Ainsi, la douleur est valorisée et même considérée comme un moyen de rédemption afin de s’affranchir de ses péchés. L’usage des plantes sédatives est très limité voire même condamné, considéré comme magique et maléfique, appartenant donc au monde païen.

En revanche, l’Orient a récupéré les savoirs de l’Antiquité par la traduction des textes gréco-romains et ainsi a pu mieux prendre en charge la douleur que l’Occident.

  • Durant la renaissance, on assiste à une remise en question de l’approche de la douleur par les médecins et les philosophes. Elle n’est plus perçue comme liée à la religion. Les connaissances dans le domaine de l’anatomie et de la neurophysiologie progressent considérablement grâce Léonard de Vinci et ses dessins d’anatomies ; Michel-Ange avec ses statues et André Vesale par ses théories et ses études.
  • Pendant l’âge classique (XVIIème siècle), on observe les douleurs des membres fantômes et Sydenham préconise une utilisation large de l’opium dans de multiples indications. René Descartes choisit de situer le point de convergence de toutes les sensations au centre du cerveau.
  • Au siècle des lumières, différentes opinions se confrontent quant à l’utilité de la douleur. Certains adoptent une attitude de compassion tout en restant résigné face à la douleur (fatalisme). D’autres voient la douleur comme un élément primordial pour la guérison du malade, une épreuve inévitable et salutaire. Enfin de nombreux médecins la perçoivent comme indépendante du péché et du châtiment de Dieu, comprenant la dimension néfaste de la douleur, et cherchant à l’éradiquer (douleur = signal d’alarme). L’opium est largement utilisé.
  • Au XIXème siècle, alors que les produits nécessaires à l’anesthésie sont déjà découverts (éther, chloroforme) de nombreux débats à propos de l’anesthésie limitent son utilisation. Les oppositions sont liées à la lenteur des premiers essais et au risque iatrogène (effets secondaires). Il fallut 50 années de débat pour qu’à partir de 1847, l’anesthésie générale s’impose. En 1854, Velpeau utilise des mélanges réfrigérants pour diminuer la douleur lors de petites interventions chirurgicales. Le XIXème siècle est aussi un siècle de grandes découvertes avec la morphine en 1806, l’aspirine en 1897 et en 1898 la synthétisation de l’héroïne commercialisée comme traitement de la toux.
  • En 1916, la France réglemente très strictement de l’utilisation de l’opium et les opiacés sont classés comme stupéfiants. Ce médicament antalgique est donc oublié pendant de nombreuses années, jusqu’à sa réhabilitation dans les années 1980.

En 1961, le docteur Bonica crée le premier centre pluridisciplinaire contre la douleur à Seattle. Il réunit des médecins de différentes spécialités dont un psychiatre. Aujourd’hui d’autres centres pluridisciplinaires contre la douleur se sont créés. La collaboration entre les différents médecins vise à une prise en charge globale des patients. Ainsi des nombreux progrès ont été effectués notamment pour le traitement de douleurs chroniques.

Cependant, il existe encore un courant de pensée appelé Dolorisme qui pense que la souffrance et la douleur sont nécessaires pour renforcer l’individu et rendre l’homme plus fort et plus compatissant envers les autres.

Rédigé par Mathilde Bergeon et Blandine Roques

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